Tout a commencé quand Julien voulait avoir sa première petite amie. Julien habitait un petit quartier de la ville qui ne manquait pas de charme et d’animation. Tout le monde se connaissait. La bonhomie naturelle des gens du quartier voulu que l’amitié s’établit au cœur des jeunes gens. Ainsi, le fils du boulanger était l’ami du fils du cordonnier; le fils du poivrot, l’ami du fils du pasteur… Il n’y avait donc place ni pour la discrimination ni pour les railleries. Les seules disputes qui ne pouvaient être évitées étaient celles provoquées par les jeux de hasard.

Julien était le fils du poivrot le plus connu du quartier. Lui et Keny, le fils du pasteur, étaient les chefs d’une petite bande composée de garçons de leur âge. Dans la coterie, seul Julien n’avait pas encore de petite amie. Par conséquent, Les autres s’étaient réunies en conseil pour statuer sur cette situation malencontreuse. Finalement, ils rendirent une décision à l’unanimité : Julien avait vingt-quatre heures pour se dégoter une petite amie, dans le cas contraire, il sera déchu de ses fonctions dans la bande et remplacer par le fils du boulanger, Alvine, grand gaillard élancé qui avait la fille la plus belle et la plus convoitée du quartier.

Galère ! Julien ne savait pas quoi faire. Toutes les filles du quartier étaient prises. Non seulement, il ne pouvait pas se dérober au principe sacré de leur clique qui est de courtiser la copine d’un autre; d’autant plus, il avait les épreuves du brevet à subir dans le même délai. Il avait les pieds pris entre le marteau et l’enclume.  » Après tout, les petites amies ne tombent pas du ciel, plaignait-il. »

Soudainement, Keny, le meilleur pote de Julien l’arracha de sa profonde méditation et lui faisait une proposition inattendue: La petite amie de Keny, elle aussi subissait les épreuves du brevet, et keny devait passer la quérir devant l’établissement où elle se trouvait après les exams. Mais, l’endroit étant un peu éloigner du quartier, Keny ne voulait pas s’y aventurer seul d’où la proposition faite à Julien. Ce dernier accepta à condition que la petite amie de Keny soit accompagnée d’une autre fille pour que son dessein puisse s’accomplir. Elle était d’accord.

Comme convenu, les deux jeunes gens s’emboitaient le pas d’une marche nonchalante, l’un fier et l’autre incertain.

Les filles les attendaient devant la porte de l’établissement. Gertha, la petite amie de Keny avait des yeux de biche; un sourire radieux et coquin s’esquissait sur son visage pendant qu’elle présentait Julien à son amie. Elle et Keny marchaient devant, Julien et la fille les suivaient. Ils discutaient et faisaient un peu connaissance. Une chance pour Julien d’avoir pris le temps de demander des conseils à son ami, Keny, car il assurait tellement qu’Apollon lui-même n’aurait pas pu faire mieux.

La fille tombait alors immédiatement sous le charme de Julien jusqu’au moment où, arrivés près d’un marchand de sandales, la semelle de l’une des sandales de la fille s’est décollée alors que Julien n’avait que dix gourdes en poche. Les sandales coûtaient cents gourdes. Ne sachant pas quoi faire, paniqué, Julien demanda discrètement de l’aide à Keny. Ce dernier n’avait que quinze gourdes. Julien craignait de ne pas être à la hauteur et de perdre l’affection de la fille.

N’ayant pas assez d’argent pour l’acheter une paire de sandale, il a opté pour une solution plus pratique, il a acheté à la fille un « Crazy Glue » qui mettait fin à tous ses maux.

Julien eu sa petite amie et resta pendant longtemps le chef de sa bande.

Rodney BARTHÉLEMY