Tu n’étais alors qu’une sale lesbienne! ces mots qui continueront à résonner des années plus tard dans mon esprit m’ont vite fait reprendre conscience de mon erreur. J’avais complètement cassée la magie qu’il y avait entre nous. Elle s’était mise à m’éviter, m’a ajoutée sur liste noire et créa un vide extrême autour de moi. Je ne pouvais que la contempler au loin et continuer malheureusement à l’aimer en silence. Rejetée par ma chérie, comme c’était dur ! Je l’ai très mal vécu.

Un jour, à ma grande surprise, elle est venue s’excuser du comportement qu’elle a eue envers moi, m’a avouée qu’elle était choquée et que pour sa réputation, on ne pouvait plus se fréquenter. J’ai plongé dans la dépression et ai fait une tentative de suicide car le pire, c’était qu’elle a pris le loisir d’apprendre à toute l’école mon véritable orientation sexuelle au moment où j’étais la moins préparée.
J’ai subi de nombreux abus de pouvoir à l’institution scolaire où j’étais adhérée. Des enseignants me jetaient carrément hors de la salle de classe parce qu’ils estimaient que je n’avais pas le droit de suivre leurs cours. Les séances de catéchisme m’étaient ouvertement destinés pour soi-disant sauver mon âme et m’aider à renaître d’une vie pure. Certains élèves me guettaient à la sortie de l’école pour me tabasser. Mes parents qui ne sont jamais intervenus a laissé la tâche à une voisine qui a été écœurée et touchée par ce qui m’arrivait. Elle m’avait accompagné auprès du directeur auquel je ne voulais pas me présenter parce que je savais qu’il était du genre passif et qu’aucunes mesures réelles n’allaient être prises. La preuve était flagrante, il me détestait. C’était avec un oeil au beurre noir, des bleues sur le visage, les lèvres fendues que j’ai été obligée de tout dévoiler.

Elle n’a rien pu faire pour me sauver la face. La solitude était redevenue mon alliée. Je maigraissais à vue d’œil. Je me sentais ridicule et lasse. Ce qui m’a le plus blessé, c’est que pour tous, rien n’était plus normal que de m’anéantir. J’étais traumatisée par les continuelles aggressions que je subissais dans mon entourage. Je faisais des cauchemars, je frémissais à chaque fois que quelqu’un passait à côté de moi. Je ne dormais plus. J’avais gravement perdu l’appétit. Mes notes diminuaient. J’étais finie. De surcroît, j’ai abandonné l’école.

***

Longtemps après, grâce à Dina, je suis parvenue un tant soit peu à empêcher les autres d’asphyxier ma vie. Elle m’a interdit de m’accrocher à mon passé. Pour elle, je décrocherais la lune, je braverais l’impossible. Je n’avais jamais aimé personne autant, même pas Sarah et l’avoir dans ma vie signifiait que j’étais bénie.

Néanmoins, je fais partie de ceux qui voient leur amours s’envoler sous leurs yeux sans rien pouvoir y faire. Si elle avait eu le besoin, je lui donnerais mes poumons pour lui permettre de continuer de respirer. Mes yeux pour qu’elle puisse toujours admirer les merveilles de la nature. Oui, s’il l’avait fallu, je lui donnerais mes bras pour manipuler les objets. Mes pieds pour explorer le monde et marcher vers tous ses endroits où elle a si souvent eu envie d’aller. En définitive, si je le pouvais, je lui donnerais mon corps pour habiter son âme.

J’ai eu deux ans de joie intense. Quand Dina est morte, une amputation sans anesthésie d’une quelconque partie de mon corps ne serait pas aussi douloureuse. J’avais perdu le seul être qui me comprenait réellement. Le seul être qui m’accompagnait dans mes moments de détresses. Mon ciel n’était plus bleu depuis. Le jour des funérailles, je ne savais pas comment me tenir, accablée par les circonstances. Je suis convaincue que c’était à partir de ce moment-là que j’ai cessé d’exister, de vivre.

-Tiens, c’est pour toi me dit-il dans un sanglot. Tu as été son petit soleil d’amour. Elle t’admirait beaucoup m’a dit son père au cours d’une longue promenade.

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Jess,

Je sais que les gens vont quand bien même continuer à nous traiter de belles salopes homosexuelles qui se croyaient être le centre du monde mais ce dont je suis certaine, c’est qu’ils ne comprennent vraiment rien au domaine des sentiments. On a donc certainement pas le droit de se détruire pour des individus qui choisissent d’être étroits d’esprits.
Tu es ma source vitale et où que j’aille, je reviendrai toujours vers toi. Je suis désolée de devoir te laisser toute seule pendant un certain temps. Ce sera dur par moments, je sais, mais les années se chargeront de tout.

PS: N’oublies jamais que je t’aime éperdument. Démésurément.

Dine, ton amour de toujours

Cette lettre qu’elle m’avait écrite est un peu comme un héritage. Je la relis encore et encore, surtout quand elle me manque mais c’est la dernière fois que mes yeux parcourront ces lignes. Je sais, je suis une lâche face à la vie mais je n’en peux plus. J’ai décidé de ne plus me battre. J’ai décidé d’en finir pour de bon. Je n’ai plus la force d’essayer de construire un monde où nous ne règnerons jamais ensemble.

Nephtalie Colas

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