Ni de gauche ni de droite, ni socialiste ni capitaliste. Ni nationaliste ni pro-impérialiste. Il est pourtant tout à la fois. Tout dépend de ses avantages. Il est «l’opportuniste», chanson phare de Jacques Dutronc« il y en a qui consteste/ qui revendique et qui proteste/ moi je ne fais qu’un seul geste; je retourne ma veste…toujours du bon côté» Il met sa conscience à louer. Pour combien? Un billet vert! Une voiture! Un plat de riz! Un visa! Qui sait! Il n’a pas de prix, qu’importe la miette il se donne. S’il descend dans les rues, ce n’est que pour attirer l’attention des corrupteurs; pour les dire « je veux négocier, ma conscience n’est pas chère» Oui! Le petit grand goût est ainsi. Il se dit rationnel. Parfois s’ose prétendre intelligent. Mais, dans aucun dictionnaire, intelligent n’est pas synonyme de mauvaise conscience, ni de voleur de sang, ni d’esclave à talents, ni de moribond ni de salaud; ce que le petit grand goût refuse de savoir.

Le siège de sa pensée n’est pas son cerveau. Mais son ventre. Son bas ventre aussi. Il faut le dire! Il ne s’engage qu’à trouver de quoi apaiser ses faim et soif, et satisfaire son appétit sexuel. Avec qui? Où? Pour combien de temps? Le temps de boire une bière. Fumer un joinc. S’il prosteste contre l’assassinat d’un frère, c’est juste pour attirer les bonnes grâces des assassins. Il est fin négociateur! Il est fier. Insultant. Violent. Il ne veut rien expliquer à ses camarades de lutte. Il change de veste au gré des secondes qui s’écoulent. Il torpille. Vive «untel», clame-t-il dans ses éclats de rires devant ses maitres. Il se moque de ceux qui restent debout dans leus combats idéologiques. Il se veut profiteur en tout, sans limite aucune. Il vend le secrets de ses co-combattants et souhaite leurs morts, juste pour se faire de l’argent.

Le petit grand goût se comporte comme une tombe. Pour ce cadavre ambulant, les gerbes de fleurs ne sont que des pots de vins. S’il est journaliste,  il met sa langue dans la poche du plus offrant. S’il est juge, nul pauvre ne peut avoir raison. La justice, l’intégrité, la conscience révolutionnaire sont des mots vides pour lui; il ne connait que son opportunisme. Et pourtant, le petit grand goût fait des études. Il connait Nietzsche. Il peut citer Marx á longueur de journée. Hans kelsen. Il parle d’Etat de droit. Il expose á voix haute les théories de price Mars. Les lois de la république, Constitution et conventions internationales, sont présentes dans ses prises de paroles. En revanche, ce n’est qu’un moyen pour lui de se montrer. Il n’a pas vraiement une position. S’il arrive que sa veste a trop craqué, il n’hésite point á tourner son pantalon, sa conscience est sur le trottoir du « je suis á louer ou á vendre, que la volonté du chef soit faite»

Wogensky LAGUERRE