On est en 1950, dans son discrours sur le colonialisme, Aimé Cesaire soutient que l’europe représente une civilisation moribonde, décadente, atteinte car elle ruse avec ses propres principes. Colonisation ne peut en aucun cas être synonyme de civilisation; il s’agit plutôt de capitalisme immoral, de pédantisme chrétien caracterisés par la chosification de l’autre. De fait, l’europe est indéfendable tant par devant la raison que par devant la conscience.

Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie…

En plus l’auteur critique le fait que l’europe avilit Hitler sans comprendre qu’elle est elle même du Nazisme par excellence. La barbarie contre les noirs, les jaunes, les indiens… C’est aussi du nazisme. Leur notion de droits de l’homme ne concerne que le blanc, donc du parti pris. De surcroit, de Renan à Gobineau, en passant par Saint arnaud, pour aboutir à M. Mannoni Aimé césaire demonte la thèse faisant croire que le noir serait naturellement dépendant et que le blanc obéit legitiment au complexe de supériorité. Car, voler, piller, exercer un relativisme moral sont les bases fondamentales de l’esclavage, et non la notion de partage de civilisation. La barbarie est masquée par une prétention de civilisation. D’ailleurs on tue les noirs à loisir. Voici comment Gérard, un colon français, raconta la prise d’Ambike, une ville inoffensive d’afrique;

« Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on
ne les retint pas ; énivrés de l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant… À la fin de l’après-midi, sous l’action de la cha￾leur, un petit brouillard s’éleva : c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant. »

L’auteur, enfin, remet en question la notion de  » monde civilisé » dont revendique l’Europe car les faits prouvent le contraire. Aussi persuade-t-il l’homme de couleur à se libérer de ces idées reçues afin de mieux affirmer ses valeurs.

Pourquoi faut-il lire ce livre

Le texte d’Aimé césaire prend le contre pied d’un sytème d’alliénation, de manipulation et de croyances fallacieuses afin de libérer le lecteur de tout préjugé et de complexe d’infériorité. Le texte est profond, bien écrit, d’une argumentation de taille.

Le Discours sur le colonialisme a paru pour la première fois en 1950 aux éditions
Réclame, puis en 1955 aux éditions Présence africaine dans une version revue et
actualisée par l’auteur, Aimé césaire.